La fin du plus grand groupe de tous les temps n'a pas été des plus roses ... Les tensions ont commencé à apparaître en 1968 lors de l'enregistrement de leur double album "The Beatles", également connu sous l'appellation "The White Album" pour sa pochette immaculée.
Le contexte
John, Paul, George et Ringo venaient de perdre leur manager Brian Epstein, décédé fin août 67 alors qu'ils étaient en pleine "retraite de méditation transcendantale". Ce décès les a beaucoup marqués car ils étaient très proches de Brian, qui était un peu le "cinquième Beatle".
De plus, leur retraite de laquelle ils attendaient beaucoup sur le plan personnel s'est mal terminée : ils l'ont tous quittée avant la fin quand ils ont appris que leur gourou avait fait des avances sexuelles à une des femmes de leur entourage, attitude assez éloignée de la méditation transcendantale ... Et pour couronner le tout, ils étaient simultanément impliqués dans la création d'Apple Corps, le groupe aux multiples divisions monté de toute pièce pour gérer leurs affaires : le genre de monstre pour lequel la présence de Brian Epstein était indispensable ...
De plus, leur retraite de laquelle ils attendaient beaucoup sur le plan personnel s'est mal terminée : ils l'ont tous quittée avant la fin quand ils ont appris que leur gourou avait fait des avances sexuelles à une des femmes de leur entourage, attitude assez éloignée de la méditation transcendantale ... Et pour couronner le tout, ils étaient simultanément impliqués dans la création d'Apple Corps, le groupe aux multiples divisions monté de toute pièce pour gérer leurs affaires : le genre de monstre pour lequel la présence de Brian Epstein était indispensable ...
Le "White Album"
Réaction assez classique dans ce genre de situation où les ennuis pleuvent : le repli sur soi. Ça n'a pas loupé : pour la première fois, les Beatles n'ont plus été une entité d'individualités partageant leurs idées. Au contraire, chacun s'occupait de ses compositions et faisait éventuellement jouer les autres par dessus après ...
Et pour couronner le tout, alors que les Beatles étaient toujours restés en vase clos, John Lennon s'est mis à imposer la présence en studio de sa nouvelle copine Yoko Ono, qui énervait tout le monde, des autres Beatles (elle irritait particulièrement George Harrison) aux techniciens de studio ... quoi de plus énervant de voir quelqu'un qui n'a aucun talent artistique (là, je prends clairement position !) donner son avis sur tout ce qui se passait en studio ??
Pour bien comprendre l'étendue de son néant artistique, je vous invite (bon courage) à écouter la seule et unique bouse des Beatles, qu'elle a bien évidemment inspirée : "Revolution 9", un collage bizarro-chiant de bouts de bandes audios. Bilan : plus de 8 minutes de cauchemar !
Pour bien comprendre l'étendue de son néant artistique, je vous invite (bon courage) à écouter la seule et unique bouse des Beatles, qu'elle a bien évidemment inspirée : "Revolution 9", un collage bizarro-chiant de bouts de bandes audios. Bilan : plus de 8 minutes de cauchemar !
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Quant à sa prestation dans le mythique "Rock'n'Roll Circus" des Rolling Stones auquel John Lennon (et donc Yoko Ono) était invité, c'est pareil : on ne peut que se boucher les oreilles au son de ses braiements (sans parler du crin-crin qui l'accompagne) alors que tout le reste du concert touche à la perfection ! C'est quand même triste quand on pense au groupe qui l'accompagne : John Lennon et Eric Clapton à la guitare, Keith Richards (guitariste des Stones) à la basse et Mitch Mitchell, batteur du Jimi Hendrix Experience !!! (Ils avaient joué juste avant "Yer Blues", composition de John extraite du "White Album").
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Au final, le Double-Blanc est un album très éclectique, ce qui lui a été reproché : il ne faut pas oublier qu'il était très attendu puisqu'il suivait le révolutionnaire "Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band" ("Magical Mystery Tour" sorti entre-temps était une compilation des chansons du film du même nom et de singles).
L'accueil de la critique a été plus que frais, mais il s'est quand même très bien vendu, ce qui est mérité : il a été numéro 1 des deux côtés de l'Atlantique, et est même la dixième meilleure vente de tous les temps aux States (sachant que les double-albums comptent double ...).
Quant au single "Hey Jude", qui n'est pas sur l'album mais a été enregistré pendant les mêmes sessions, il restera dans l'histoire comme le single le plus vendu des Beatles (plus de 5 millions de ventes mondiales fin 68 !) : les relations avaient beau être tendues, les Beatles restaient les Beatles : des artistes ultimes ! |
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Le projet "Get Back"
Le baromètre n'est pas pour autant revenu au beau fixe, malgré les efforts de Paul pour tenter de recoller les morceaux : le "White Album" à peine sorti, il a en effet émis l'idée d'enregistrer un nouvel album en conditions "live", pour casser cette dynamique de chansons enregistrées par leur songwriter avec ajouts postérieurs d'overdubs par les autres Beatles, qui ne faisait qu'éloigner les Fab Four les uns des autres.
La mayonnaise n'a malheureusement pas pris, et ce dès les répétitions et les premiers enregistrements en janvier 69. John était complètement accaparé par sa relation sentimentale et artistique avec l'énerveuse professionnelle. Et Paul était tellement motivé par l'envie de sauver les Beatles qu'il en a trop fait, et que les autres l'ont trouvé trop dirigiste. De plus, comme l'idée était de les filmer (par contrat avec "United Artists", les Beatles devaient encore fournir un film), les séances ont eu lieu dans un studio de cinéma, lieu pas franchement adapté pour des répétitions musicales en plein hiver ...
Bilan : les séances ont tourné au désastre. Après de multiples disputes, George Harrison a fini par claquer la porte, avant de se laisser convaincre de revenir, à la condition de quitter le studio ciné de Twinckenham et d'abandonner le concept d'album en conditions live. Avec son retour, les enregistrements reprennent dans les locaux d'Apple, en présence de leur vieux pote claviériste Billy Preston, que George a ramené dans ses bagages. La présence de cet excellent musicien est salutaire, tant pour son apport artistique que pour l'ambiance générale qui se détend d'un coup (les Beatles ne vont quand même pas se bouffer le nez en public ...).
Elle se détend tellement qu'ils décident finalement de jouer certains de leurs nouveaux morceaux en live, lors d'un concert qui est rentré dans la légende. En effet, le groupe avait arrêté de tourner depuis mi-66 : la décision avait été prise car ils étaient usés par la folie des fans à chacune de leurs représentations (la Beatle-Mania).
Par ailleurs, leurs albums studios devenaient de plus en plus sophistiqués, et jouer les chansons sur scène aurait été ingérable avec les moyens techniques de l'époque. Pour preuve, leur dernière tournée a eu lieu après la sortie du très travaillé "Revolver" (qui est à mon avis leur meilleur album), et ils n'y ont joué aucun morceau de l'album.
Par ailleurs, leurs albums studios devenaient de plus en plus sophistiqués, et jouer les chansons sur scène aurait été ingérable avec les moyens techniques de l'époque. Pour preuve, leur dernière tournée a eu lieu après la sortie du très travaillé "Revolver" (qui est à mon avis leur meilleur album), et ils n'y ont joué aucun morceau de l'album.
Le 30 janvier 1969 est donc rentré dans l'histoire comme la date de l'unique concert de la deuxième moitié de leur carrière : il a été donné sur le toit des locaux d'Apple, en plein Londres, avec comme seul public prévu les employés de la compagnie. Mais les passants des rues en contrebas ainsi que les voisins ont vite compris ce qui se passait, et cela a provoqué une véritable pagaille dans le quartier, entre les grognards se plaignant du bruit dégagé auprès de la police, et ceux voulant absolument assister à cet événement exceptionnel.
Un certain nombre de chanceux ont entendu le concert, mais quelques privilégiés y ont assisté en grimpant sur les toits des immeubles voisins. Et la police est intervenue, mais a laissé le concert se terminer après négociations avec le staff des Beatles.
Un certain nombre de chanceux ont entendu le concert, mais quelques privilégiés y ont assisté en grimpant sur les toits des immeubles voisins. Et la police est intervenue, mais a laissé le concert se terminer après négociations avec le staff des Beatles.
Des chansons de ce concert ont été sélectionnées pour figurer sur le fameux album (dont le nom initial était "Get Back"), mais un travail immense restait à faire, car il fallait faire le tri dans les 29 heures de bandes enregistrées. Après différents mixages jugés non satisfaisants, le projet a fini par rester dans les placards.
Il s'est finalement concrétisé après la séparation des Beatles sous le nom "Let It Be", après un mixage très controversé par la star de la production Phil Spector : c'est le dernier album officiel des Beatles, même si les chansons ne sont pas les dernières enregistrées par le groupe.
Il s'est finalement concrétisé après la séparation des Beatles sous le nom "Let It Be", après un mixage très controversé par la star de la production Phil Spector : c'est le dernier album officiel des Beatles, même si les chansons ne sont pas les dernières enregistrées par le groupe.
Abbey Road
En effet, malgré le fiasco des derniers mois (beaucoup dans l'entourage des Beatles étaient persuadés que c'en était maintenant fini du groupe), Paul a contacté dès février 69 George Martin, leur mythique producteur, pour lui demander s'il était d'accord pour travailler avec eux sur un nouvel album.
Hormis pour les sessions "Get Back/Let It Be" qui venaient de se terminer, George Martin s'était occupé de tous les enregistrements des Beatles depuis le début : il a donc largement contribué au succès du groupe puisqu'il a façonné leur son. Si une autre personne pouvait prétendre au titre officieux de "Cinquième Beatle", c'était bien lui.
Toujours est-il qu'il a accepté de produire l'album, mais à la condition qu'il soit enregistré "à l'ancienne", c'est-à-dire comme il l'avait toujours fait. Et béni soit-il d'avoir accepté ! "Abbey Road", dernier album officieux des Beatles principalement enregistré en juillet et août 69, est un pur chef d'œuvre !!
Inconsciemment, les membres du groupe devaient savoir qu'ils étaient arrivés au bout du chemin, et ils ont pris sur eux pour se donner une dernière fois à fond et terminer sur une bonne note : les tensions étaient toujours présentes, mais elles ne dégénéraient pas en disputes interminables.
Toujours est-il qu'il a accepté de produire l'album, mais à la condition qu'il soit enregistré "à l'ancienne", c'est-à-dire comme il l'avait toujours fait. Et béni soit-il d'avoir accepté ! "Abbey Road", dernier album officieux des Beatles principalement enregistré en juillet et août 69, est un pur chef d'œuvre !!
Inconsciemment, les membres du groupe devaient savoir qu'ils étaient arrivés au bout du chemin, et ils ont pris sur eux pour se donner une dernière fois à fond et terminer sur une bonne note : les tensions étaient toujours présentes, mais elles ne dégénéraient pas en disputes interminables.
Le point d'orgue de ce bijou est un medley situé sur la face B, fabriqué à partir de courtes compositions de Paul et John. En fait, ils avaient différents morceaux de chansons (juste un couplet ou un refrain) qu'ils avaient déjà travaillés pendant les sessions du "White Album" et de "Get Back/Let It Be". Et plutôt qu'en choisir 3 ou 4 et de les développer, Paul a proposé de les coller bout à bout. C'était une idée de génie, et c'est vraiment ce medley qui contribue principalement à rendre cet album hors du commun.
Et il a plein d'autres particularités : c'est le seul disque des Beatles enregistré sur un 8-pistes, c'est un des premiers albums où est utilisé le synthétiseur Moog qui venait juste d'être inventé, il contient le seul single composé par George Harrison ("Something"), l'assistant de George Martin n'est autre qu'Alan Parsons qui deviendra ensuite célèbre en produisant le monstre "Dark Side of the Moon" de Pink Floyd puis en montant son propre groupe "Alan Parsons Project", ...
Et puis franchement, cette pochette mythique dont la photo a été prise devant les studios !!!
Et il a plein d'autres particularités : c'est le seul disque des Beatles enregistré sur un 8-pistes, c'est un des premiers albums où est utilisé le synthétiseur Moog qui venait juste d'être inventé, il contient le seul single composé par George Harrison ("Something"), l'assistant de George Martin n'est autre qu'Alan Parsons qui deviendra ensuite célèbre en produisant le monstre "Dark Side of the Moon" de Pink Floyd puis en montant son propre groupe "Alan Parsons Project", ...
Et puis franchement, cette pochette mythique dont la photo a été prise devant les studios !!!
En tout cas, les fans ne s'y sont pas trompés : l'album a connu un immense succès. Il a atteint la première place des ventes aux Etats-Unis (11 semaines) et en Grande Bretagne (17 semaines), alors que la concurrence était rude : au hasard, le mythique "Let It Bleed " des Rolling Stones ou le "Led Zep II" !
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The End ...
Les sessions d'enregistrement se sont terminées le mercredi 20 août 1969, date mémorable puisque c'est la dernière fois que les 4 Beatles ont joué ensemble. Dans le futur, il arrivera qu'ils se retrouvent à 2 ou 3, mais jamais tous les 4 ... Un mois plus tard, quelques jours avant la sortie de l'album, John Lennon annonce aux 3 autres qu'il quitte les Beatles, mais aucune annonce n'est faite dans la presse.
Elle le sera par Paul McCartney (ce qui fera rager John) le 10 avril 1970, une semaine avant la sortie de son premier album solo, "Mc Cartney". Les 3 autres ont aussi sorti des albums en 1970 : "Sentimental Journey" le 27 mars et "Beaucoups of Blues" le 25 septembre pour Ringo Starr, "All Things Must Pass" pour George Harrison le 27 novembre (un triple-album, qui est devenu la meilleure vente d'un album d'un ex-Beatle !) et "John Lennon / Plastic Ono Band" le 11 décembre.
Et les carrières solos de chacun se sont poursuivies avec plus ou moins de succès :
Et les carrières solos de chacun se sont poursuivies avec plus ou moins de succès :
John a sorti un album par an jusqu’en 75, date à laquelle il décide alors de mettre la musique de côté pour se consacrer à sa vie de famille (mouais ...). Il venait juste de sortir un nouvel album en 1980 quand il s’est fait assassiner devant son domicile New-Yorkais.
George a régulièrement sorti des albums jusqu’en 82. Après un break de 5 ans, il en a sorti un nouveau, puis deux autres avec le super-groupe "Traveling Wilburys", qui comprenait également Bob Dylan, Roy Orbison, Tom Petty & Jeff Lynne d’Electric Light Orchestra (waouh !). Ensuite, plus rien pendant 10 ans : à sa mort d’un cancer du poumon en 2001, il laisse un album bien avancé mais malgré tout inachevé. Son fils Dhani et Jeff Lynne se sont chargés de le compléter suivant les directives qu’il avait laissées, et l’album posthume "Brainwashed" sort un an après sa mort.
Paul a eu la carrière la plus riche et la plus reconnue : il sort régulièrement des albums depuis la fin des Beatles, seul ou avec les Wings (son groupe des 70s). Il s’est même essayé à la musique classique à 5 reprises, avec un succès commercial mais pas nécessairement critique ...
Ringo (son vrai patronyme est Richard Starkey) a également régulièrement sorti des albums depuis 70. Il n’avait signé que deux compositions du temps des Beatles, ce n’est pas un song-writer né. Mais c’est le gars sympa qui arrive à bien s’entourer. Ses albums rassemblent toujours un véritable best-of de personnalités diverses et variées, que ce soit à la composition ou à l’interprétation : ses anciens comparses, Marc Bolan (T. Rex), Elton John, Eric Clapton, Ron Wood (Jeff Beck Group, Faces, Stones), Brian Wilson (Beach Boys), Steven Tyler (Aerosmith), Ozzy Osbourne (Black Sabbath), Tom Petty, Alanis Morissette, David Gilmour (Pink Floyd), Chrissie Hynde (Pretenders), Dave Stewart (Eurythmics), Ben Harper, ... j'en passe et des meilleurs !