Podium du "US Billboard Hot 100" - Semaine du 3 juillet 1965
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FOUR TOPS
I Can't Help Myself
(Sugar Pie Honey Bunch)
FOUR TOPS
I Can't Help Myself
(Sugar Pie Honey Bunch)
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La complainte d'amour, un grand classique dans la musique populaire ... et c'est bien le thème de cette chanson des Four Tops. Un amoureux malheureux y supplie sa chérie envolée de revenir, et ce sans aucune peur du ridicule. Il l'affuble de petits noms doux du genre "Ma tarte au sucre" ("Sugar Pie Honey Bunch"), et admet qu'il est plus faible que ce qu'une femme peut attendre de la part d'un homme : il précise avoir embrassé la photo qu'elle a laissée derrière elle un bon millier de fois, et qu'il accourra au moindre de ses claquements de doigts ou de clignements d'œil.
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Possible que la belle soit touchée par une telle mise-à-nu, mais c'est à double-tranchant car si elle a vraiment décidé de sortir de sa vie, elle a là matière à le ridiculiser en se moquant de lui ...
Toujours est-il que malgré (ou à cause de ?) sa forte ressemblance avec "Where Did Our Love Go ?" des Supremes (qui a été n°1 l'été précédent), la chanson a plu au public américain qui en a fait le premier des deux n°1 des Four Tops (le splendide "Reach Out, I'll Be There" suivra en 1966).
Ces multiples succès de ses artistes n'étaient pas pour déplaire au label "Motown" qui était alors un des remparts américains pour contrer le raz-de-marée de la "British Invasion" ...
Toujours est-il que malgré (ou à cause de ?) sa forte ressemblance avec "Where Did Our Love Go ?" des Supremes (qui a été n°1 l'été précédent), la chanson a plu au public américain qui en a fait le premier des deux n°1 des Four Tops (le splendide "Reach Out, I'll Be There" suivra en 1966).
Ces multiples succès de ses artistes n'étaient pas pour déplaire au label "Motown" qui était alors un des remparts américains pour contrer le raz-de-marée de la "British Invasion" ...
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En parlant de British Invasion, ce sont d'ailleurs les Rolling Stones qui se retrouvent en seconde position cette semaine-là, avec ce qui est devenu une des chansons rocks les plus connues, "(I Can't Get No) Satisfaction". Ils n'y resteront d'ailleurs pas longtemps puisqu'ils chiperont le Top-Chart aux Four Tops dès la semaine suivante, et le garderont pendant 4 semaines !
Excellent score mérité pour cette chanson hors du commun, avec un riff simple mais entêtant (3 notes suffisent : Si, Do Dièse et Ré) et un son de guitare innovant pour l'époque (obtenu grâce à l'utilisation d'une pédale d'effet "Fuzzbox"). |
Et surtout un texte sulfureux dans lequel Mick Jagger exprime toute sa frustration : celle ressentie envers la société dans laquelle il vit et qui ne lui correspond pas, exprimée par son rejet de tout ce qu'il peut voir et entendre à la radio et à la télé, et celle ressentie dans ses relations avec les filles. Et ces frustrations devaient bien le miner au quotidien, parce qu'il n'y va pas de main morte pour les exprimer ...
Ça commence "soft" avec la radio : le speaker lui balance "toujours plus d'informations sans intérêt supposées lui enflammer l'imagination" ...
On passe un cap avec la télévision, puisqu'il y a nette référence à la drogue : le mec qui lui dit "comment s'habiller" n'a rien à lui dire puisqu'il "ne fume pas les mêmes cigarettes que lui ..."
Et concernant les relations avec les filles, on touche carrément au tabou : quand Mick va voir une fille avec une idée bien précise derrière la tête, il se retrouve face à une fin de non-recevoir pour cause de "mauvaise période du mois" !
Parler de menstruation peut sembler moins choquant à notre époque propre à la surenchère, mais imaginez en 1965 ! Cela a en tout cas dû jouer dans le succès de cette chanson, les adolescents étant particulièrement friands de tout ce qui peut choquer leurs parents ...
Ça commence "soft" avec la radio : le speaker lui balance "toujours plus d'informations sans intérêt supposées lui enflammer l'imagination" ...
On passe un cap avec la télévision, puisqu'il y a nette référence à la drogue : le mec qui lui dit "comment s'habiller" n'a rien à lui dire puisqu'il "ne fume pas les mêmes cigarettes que lui ..."
Et concernant les relations avec les filles, on touche carrément au tabou : quand Mick va voir une fille avec une idée bien précise derrière la tête, il se retrouve face à une fin de non-recevoir pour cause de "mauvaise période du mois" !
Parler de menstruation peut sembler moins choquant à notre époque propre à la surenchère, mais imaginez en 1965 ! Cela a en tout cas dû jouer dans le succès de cette chanson, les adolescents étant particulièrement friands de tout ce qui peut choquer leurs parents ...
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Et pour compléter ce podium exceptionnel, on retrouve ce qui est probablement une des plus belles chansons enregistrées durant les 60s : la reprise par les Byrds du "Mr. Tambourine Man" de Bob Dylan, que les mélomanes venaient juste de découvrir. Il ouvre en effet la deuxième face de l'album "Bringing It All Back Home" du maître folk, sorti moins d'un mois avant le single des Byrds.
Tout premier disque sorti par le groupe en avril 1965 (leur premier album du même nom suivra deux mois après), ce coup d'essai s'est révélé être un véritable coup de maître : le single connaîtra en effet le privilège de devenir un n°1 transatlantique. |
Il sera d'abord n°1 une semaine fin juin aux Etats-Unis, puis deux semaines fin juillet chez leurs cousins britanniques. Ce sera d'ailleurs quasiment leur seule incursion dans les Top-10 puisqu'ils n'obtiendront ensuite qu'une quatrième place UK avec leur deuxième single "All I really want to do" et un autre Top-chart aux States avec le troisième single "Turn! Turn! Turn!" ...
Mais même s'ils n'ont pas réalisé des ventes exceptionnelles de leurs disques, les Byrds ont eu une grande influence sur la musique des 60s grâce à leur esprit d'innovation, qu'ils ont conservé durant toute leur carrière. Dès "Mr Tambourine Man", ils ont harmonieusement intégré des sonorités rocks à du Folk traditionnel, pour un résultat qui touche au divin : quel mélange fabuleux que celui de ces harmonies vocales avec le son cristallin de la Rickenbacker 12-cordes de Roger McGuinn !
Bob Dylan lui-même a largement apprécié cette version de sa propre chanson, que le manager des Byrds lui a fait écouter avant la sortie du single. Sachant que le groupe était initialement moyennement emballé par le choix de ce titre, l'adoubement par son auteur a dû balayer les derniers doutes ...
Mais même s'ils n'ont pas réalisé des ventes exceptionnelles de leurs disques, les Byrds ont eu une grande influence sur la musique des 60s grâce à leur esprit d'innovation, qu'ils ont conservé durant toute leur carrière. Dès "Mr Tambourine Man", ils ont harmonieusement intégré des sonorités rocks à du Folk traditionnel, pour un résultat qui touche au divin : quel mélange fabuleux que celui de ces harmonies vocales avec le son cristallin de la Rickenbacker 12-cordes de Roger McGuinn !
Bob Dylan lui-même a largement apprécié cette version de sa propre chanson, que le manager des Byrds lui a fait écouter avant la sortie du single. Sachant que le groupe était initialement moyennement emballé par le choix de ce titre, l'adoubement par son auteur a dû balayer les derniers doutes ...
Les 3 singles se sont retrouvés à nouveau ensemble sur le podium la semaine d'après, dans un ordre différent :
- (I Can't Get No) Satisfaction
- I Can't Help Myself (Sugar Pie Honey Bunch)
- Mr. Tambourine Man